La Grammaire Française vous veut du Mal
Bienvenu dans cette tentative d’introduction à la Grammaire Française pour les Nuls.
Je n’y vais pas par quatre chemins, le Français est une langue difficile. Sa grammaire n’est pas facile.
Vous trouverez sans trop de problèmes des classements des langues les plus difficiles incluant le Français dans le peloton de tête. Jamais sur le podium, n’exagérons rien, mais suffisamment haut pour faire suer, voire saigner, tout pauvre non francophone tentant de s’attaquer à notre langue.
Cependant, il n’y a pas de raison pour que la Grammaire Française ne soit pas pour tout le monde. Le présent article se veut être un premier guide, simple et limpide (espérons) pour celles et ceux qui sont perdus, déboussolés, dans les rouages de cette langue. Une langue, qui, il y a encore 2000 ans, était un mélange de plusieurs langues. Car oui, le Français est, à l’origine des origines, un créole de Gaulois, de Latin et de langues germaniques.
Alors, non, je ne suis pas là pour vous rassurer. Si vous vous engagez dans l’apprentissage de la langue française, la rage et le dépit risquent de vous faire vous arracher des parties de votre corps auxquelles vous tenez plus ou moins.
Cependant, malgré la logique incohérente qui la régit, la grammaire du Français peut se résumer en grands principes. Toutes ces règles sont évidemment confirmées par des dizaines, des centaines, d’exceptions abominables, mais nous y reviendrons plus tard (peut-être).
Voyez cet article un peu comme une sorte d’introduction à la Grammaire Française pour les Nuls, en quelque sorte.
Faites pas cette tête, ça va bien se passer. Enfin, ça va se passer en tout cas.
C’est quoi la grammaire ?
C’est vrai qu’on peut commencer par là. Faisons simple. En linguistique, la Grammaire, c’est l’ensemble des règles qui régissent comment une langue naturelle est parlée ou écrite. Elle concerne principalement les propositions, les phrases et les mots.
Évidemment, comme vous vous en doutez, c’est infiniment plus complexe et profond que ça. Mais on va en rester là pour le moment.
Ah ! Et j’allais oublier. La Grammaire peut se catégoriser de plusieurs façons. Deux types de grammaire vont m’intéresser aujourd’hui, la descriptive et la prescriptive. La Grammaire Descriptive, comme son nom l’indique, décrit une langue comme elle est parlée ou écrite, et ne se préoccupe pas de ce qui est bien, de ce qui est correct ou de ce qui est préférable. Toutes ces dimensions sont les affaires de la Grammaire Prescriptive (une spécialité française). Le présent article traite essentiellement de grammaire scolaire, donc prescriptive, pour qu’on ait tous et toutes à peu près la même base.
Le sujet : c’est qui qui fait quoi ?
C’est la base de n’importe quelle phrase. Le personnage central de l’épisode de vie, réel ou fictif, que vous exprimez à l’aide de vos langues (celle dans votre tête et celle dans votre bouche). Ce sujet est généralement un nom. Un nom commun comme « l’arrosoir », ou un nom propre, comme « Hildebrand ». Oui, je sais, ce prénom est disparu, mais je l’aime bien, alors je milite pour son retour. Il peut également être un pronom, c’est-à-dire un mot qui remplace le nom, comme « elle », ou « celui ».
Je ne vous demande pas si vous suivez. Ça doit encore aller pour le moment.
Le verbe : l’action
Le verbe est le véhicule de l’action décrite et/ou évoquée par la phrase. Pleurer (en apprenant le Français), désespérer (toujours en apprenant le Français), enrager (si vous vous obstinez vraiment dans l’apprentissage du Français), etc. C’est ce qui donne l’énergie à votre phrase, ce qui décrit son mouvement. Mais comme le Français est une langue infâme, la façon dont vous prononcez et/ou écrivez le verbe change en fonction du sujet du verbe. Par exemple, on écrit « je brûle mes cours de littérature pour fêter l’obtention de mon bac » et « tu brûleS tes cours de littérature pour oublier ce traumatisme ». Ce verbe prend en effet un S à la fin quand le sujet est « tu ». Ça vous paraît simple ?
Accrochez-vous, on continue.
L’accord du sujet et du verbe : la famille dysfonctionnelle
Le phénomène précédemment cité s’appelle l’accord. Le sujet et le verbe doivent s’accorder en nombre et parfois en genre. Si le sujet est « vos comptes en banque », le verbe sera « se vident » et non « se vide ». Pensez au sujet et au verbe comme à un couple marié la première semaine, les deux époux sont encore en harmonie et leur union fonctionne. Jusqu’au premier drame, bien entendu. Un drame pouvant s’exprimer ainsi : cet accord est évidemment régi par des centaines de règles et d’exceptions toutes plus horribles les unes que les autres.
Si vous avez envie de vous lever de votre chaise, je comprends.
Les compléments : les amis envahissants du verbe
Les compléments ajoutent du contexte à votre action. Ils précisent les éléments comme Où ? Quand ? Comment ? Pourquoi ? Quoi ? « Marie a un redressement fiscal » « Un redressement fiscal » est ici ce qu’on peut appeler un COD — complément d’objet direct, car il complète le verbe sans préposition. Un peu comme cet ami désagréable dont vous ne pouvez pas vous passer, les compléments s’imposent dans une phrase pour rappeler que l’on doit parler d’eux.
Ne claquez pas la porte en sortant, merci.
Les adjectifs : les traitres
Les adjectifs qualifient ou modifient un nom. Ils permettent de rajouter de la couleur, des détails et de la vie dans vos phrases. Ils sont indispensables pour rendre vos textes précis et riches. Un « voisin pénible », une « une mauvaise idée ». On pourrait alors se dire « mais ça a l’air formidable les adjectifs ! ». Oui mais non. D’une, les adjectifs se placent avant ou après le nom qu’ils qualifient selon une logique qui pourrait à première vue briller par son propre manque[1]. Et si jamais un jour vous comprenez cette logique, vous verrez à quel point elle est arbitraire. De deux, tout comme le verbe, l’adjectif s’accorde toujours avec le nom qu’il qualifie. Le S est généralement la marque du pluriel. Seulement, on dit « des choux », et non « des chous ». Ne me demandez pas pourquoi aujourd’hui.
Je vous en prie, prenez la porte pour sortir, et non la fenêtre.
Les conjonctions et les prépositions : trop de pouvoir pour des mots aussi courts
Les conjonctions (mais, ou, et, donc, or, ni, car) et les prépositions (à, de, en, pour, avec…) sont les petits mots qui associent les éléments de la phrase entre eux. Ils sont les ponts de cordes branlants qui relient vos pensées et vos phrases avec une précision toute relative. Vous pourriez totalement changer le sens de votre phrase en vous trompant de préposition. Si vous dites « je mange de mon ami » au lieu de « je mange avec mon ami », vous risquez de provoquer des réactions variées.
C’est fou, on était plus nombreux au début non ?
Les modes et les temps : comment parfaitement se paumer
Verbes au présent, au passé, au futur. Indicatif, subjonctif, impératif, conditionnel… La conjugaison française, c’est un peu comme choisir son voyage temporel, sauf que les choix que l’on vous laisserait seraient essentiellement des périodes comme 1916, la Guerre de Cent Ans ou le Génocide Amérindien. Tout, ou presque, est une abomination. Et utiliser rigoureusement tous ces modes et temps pour exprimer les nuances voulues, à l’écrit comme à l’oral, est quasi impossible. Prenons un exemple simple : « je me tape le crâne sur le mur », « je me tapais le crâne sur le mur » et « je me taperai le crâne sur le mur ». Trois époques, mais une seule action. Ça va encore ? Et si je vous propose « j’eus tapé », « que je tapasse » et « que j’eusse tapé », vous en dites quoi ?
Littéralement tout le monde fait des fautes. Et il n’y a aucun mal à ça. Et, pour les derniers et dernières qui ne se sont pas encore enfuis…
La ponctuation : le chef d’orchestre ivre
La ponctuation, ce sont les signes cabalistiques qui parsèment les textes et les phrases. Ils existent dans la majorité des langues écrites, et leur importance est capitale, principalement si l’on n’a pas connaissance du contexte. La virgule, le point, le point-virgule, les deux points, le point d’exclamation et d’interrogation… Chacun d’entre eux vous indique où respirer, où vous arrêter. Afin de vous donner le loisir, par exemple, de vérifier que votre auditoire, à qui vous lisez du Proust ou un rapport financier, ou un rapport financier écrit par Proust, ne s’est pas fait la malle. Si vous dites « Messieurs les Anglais, tirez les premiers ! », votre espérance de vie sera infiniment plus courte que si vous dites « Messieurs ! Les Anglais ! Tirez les premiers ! »
Concluons !
Alors, oui, je sais, c’est horrible. Mais vous savez quoi, moi je l’aime bien cette langue boiteuse et dégénérée. Elle peut être d’une efficacité et d’une beauté rare quand on sait la manier. Et c’est précisément mon métier, figurez-vous. La maîtrise que j’ai de cette langue est la base, que j’espère solide, sur laquelle s’appuient mes compétences. Bien avant le marketing et le SEO, il y a la grammaire française. Et si vous voulez quelqu’un qui la comprend suffisamment pour en sortir le texte dont vous avez besoin, je vous invite à me contacter.
[1]De logique